Discours de l’ambassadeur de France au Bénin à l’occcasion de la fête nationale

Retrouvez dans son intégralité le discours de l’ambassadeur de France Marc Vizy, donné à l’occasion des célébrations du 14 juillet 2023 à la Résidence de France.

Monsieur le secrétaire général,
Mesdames et messieurs les membres de la délégation officielle béninoise et représentants des ministres,
Mesdames et messieurs les présidents et représentants des hautes autorités de la République,
Mesdames et messieurs les ambassadeurs et responsables d’organisations internationales,
Mesdames et messieurs les chefs d’entreprises et sponsors de notre fête nationale,
Chers compatriotes français au Bénin,
Chers amis de la France au Bénin,

C’est un plaisir, pour mon épouse Emelyne et moi, de vous accueillir, ce soir à la résidence de France, à l’occasion de notre fête nationale pour partager un moment républicain.

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Malgré le caractère festif qui doit marquer notre rencontre de ce soir, permettez-moi de commencer par une pensée pour le peuple ukrainien, qui souffre mais qui fait preuve d’une résistance héroïque face à l’invasion de son territoire par le régime de Vladimir Poutine, en violation manifeste des principes du droit international.
La France condamne avec la plus grande fermeté la guerre colonialiste de la Russie en Ukraine.

La France se félicite aussi que le Bénin se soit toujours clairement exprimé contre l’agression russe en Ukraine, en particulier à l’occasion des votes sur cette question à l’assemblée générale des Nations-unies.

Le Bénin a ainsi montré qu’il était attaché au règlement des litiges internationaux par le dialogue dans un cadre multilatéral et qu’il mesurait les dangers, notamment pour l’Afrique, d’une remise en cause par la force des tracés des frontières internationalement reconnus.

La violation de ces principes qui fondent la paix dans le monde et ses conséquences concrètes sur la sécurité alimentaire mondiale font de la guerre en Ukraine l’affaire de tous, et pas seulement celle des Européens.

La France condamne également le rôle déstabilisateur, dans plusieurs pays africains, de la milice Wagner, dont les activités criminelles, mafieuses et les graves exactions à l’encontre des populations sont de plus en plus documentées et dont la perte de contrôle par la fédération de Russie illustre la fragilité de l’une comme de l’autre.

La solidarité française et européenne vis-à-vis de l’Ukraine doit aller au-delà de l’aide militaire et humanitaire. C’est pourquoi l’ambassade de France au Bénin, aux côté des ambassades d’Allemagne, de Belgique, du Canada, des Etats-Unis, du Japon, des Pays-Bas, de la Suisse et de la délégation de l’Union européenne, a organisé, en mai dernier, un festival du film ukrainien dont une soirée à l’Institut français de Cotonou à laquelle le gouvernement béninois était représenté. Merci encore monsieur le secrétaire général.

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C’est parce que la France est consciente que ce conflit peut créer des risques de fracture entre les pays du nord et du sud que le Président Macron a accueilli, les 22 et 23 juin dernier à Paris, le sommet pour un nouveau pacte financier mondial, auquel le Président Talon a participé, et nous l’en remercions.

Notre conviction est que les pays en développement ne doivent pas avoir à choisir entre précisément le développement et la transition écologique.

C’est pourquoi la France plaide pour un nouveau système financier international plus solidaire afin de lutter contre les inégalités, de financer la transition climatique et la protection de la biodiversité, et de nous rapprocher, ensemble, de l’atteinte des objectifs du développement durable des Nations-unies.

Sur la base des échanges du sommet, le Président Macron a présenté un « Agenda de Paris pour les peuples et la planète ». Nous remercions le Bénin pour l’endossement de cet agenda.

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Nous sommes bien sûr conscients de l’existence d’un discours anti-français dans certaines parties du continent.

Pour certains, la France serait responsable de tous les maux dans plusieurs pays, que ces maux soient d’ordre sécuritaire, économique ou social.

Il est vrai que la France peut s’exposer aux critiques en étant l’un des pays occidentaux les plus engagés pour contribuer au développement des pays africains, un pays qui reste à leurs côtés pour promouvoir l’Etat de droit, pour mettre en lumière leurs cultures ou pour favoriser la formation des jeunes. La France refuse aussi l’immobilisme quand un pays ami connait une menace sécuritaire, car la France a une part d’africanité avec une proportion significative de sa population ayant une ascendance africaine et parce qu’elle sait ce que sa liberté doit aux Africains qui se sont battus à ses côtés lors des derniers conflits mondiaux.

Alors, pour ceux qui ne voient l’Afrique que comme une source de prédation, et pour ceux qui sont payés par ceux-là, il est alors nécessaire de caricaturer notre engagement pour l’Etat de droit, pour la démocratie, pour l’émancipation des femmes et des jeunes ou pour la formation… car ceux-là prospèrent dans le chaos.
Et même si notre implication est perfectible, même si des maladresses peuvent subsister de notre part, c’est à une véritable entreprise d’instrumentalisation, de manipulation de l’information et de dénigrement basé sur le mensonge à laquelle nous devons faire face de la part de ceux que cet engagement pour l’Afrique gène.

La grossière manœuvre de désinformation orchestrée par Wagner concernant le charnier de Gossi au Mali en avril 2022 en est l’illustration la plus évidente.

Ceux qui suivent l’actualité, savent les liens y compris financiers qui existent entre certains agitateurs locaux qui s’enrichissent en adoptant un pseudo « discours panafricaniste » et ceux qui entendent qu’on les laisse piller l’Afrique tranquillement.

C’est dans ce contexte que nous attachons une grande importance aux relations bilatérales entre le Bénin et la France.

Le Bénin est un exemple du partenariat d’égal à égal, décomplexé de part et d’autre comme l’affirme le Président Talon, que nous voulons bâtir avec les pays africains, fondé sur la transparence, le respect et la réciprocité.

Le renforcement des relations entre nos deux pays s’est traduit par la visite du Président Macron à Cotonou, il y a près d’un an, et par les échanges réguliers qu’il entretient avec le Président Talon, qui a notamment été reçu à l’Elysée le 7 mars dernier.

Je dois d’ailleurs vous dire quelle a été ma satisfaction d’entendre le Président Macron, lors de son discours à la conférence annuelle des ambassadeurs en septembre 2022, citer à deux reprises des projets franco-béninois comme exemples de ces nouveaux partenariats, en matière de coopération culturelle d’une part et de coopération sécuritaire d’autre part.

La visite, en mars dernier, de la secrétaire d’Etat chargée du développement, de la Francophonie et des partenariats internationaux, Mme Chrysoula Zacharopoulou, a été l’occasion de réaffirmer notre volonté de concrétiser les engagements pris par le Président Macron et de tout mettre en œuvre pour les voir aboutir dans le respect des échéances ambitieuses fixées par le Président Talon.

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En matière culturelle, vous savez combien la restitution, en 2021, des 26 œuvres du trésor d’Abomey symbolise la qualité de notre relation.

L’adoption d’une loi-cadre dans les prochains mois par le Parlement français permettra de fixer la méthodologie et les critères pour procéder à de nouvelles restitutions en privilégiant un partenariat culturel et scientifique pour accueillir et conserver ces œuvres.

Nous sommes aussi pleinement mobilisés aux côtés du Bénin pour la création d’un Quartier Culturel et Créatif (QCC) à Cotonou dans lequel s’inséreront notamment le nouvel Institut Franco-Béninois (IFB), le Musée d’Art Contemporain de Cotonou (MACC) ainsi qu’une résidence d’artistes « villa Bénin ».

De même, la France est engagée au côté du Bénin, avec l’AFD, dans le projet de création du musée des amazones à Abomey et accompagne la montée en capacité patrimoniale et muséale du pays.

L’objectif fixé par le Président Talon est bien de faire du Bénin une place culturelle incontournable sur la scène africaine et mondiale. Je voudrais vous dire ici notre fierté d’être associés à cette belle ambition.

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La France est également impliquée dans le domaine de la formation professionnelle afin de soutenir le développement économique du pays.

L’AFD est associée au Bénin pour la construction de 12 lycées agricoles, les universités françaises s’impliquent dans le projet Sèmè City et France Education International a été retenue par le Bénin pour accompagner la création des écoles des métiers. Les partenariats dans ce domaine sont donc nombreux.

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Enfin, dans le domaine de la sécurité, notre coopération avec le Bénin répond aux besoins qu’il a lui-même spécifiés, dans le contexte de la menace terroriste dans le nord du pays.

Comme l’a indiqué le Président Macron dans son discours du 27 février dernier, la France apporte son appui aux armées africaines qui le souhaitent, en fonction de leurs besoins et de leurs demandes, dans un esprit de co-construction, tout en faisant évoluer les modalités de ces partenariats militaires.

Qu’on se le dise, il y a ni base militaire française au Bénin, ni militaires français qui interviendraient directement dans des missions armées dans le nord du pays, et ceux qui répandent ces rumeurs sont au mieux mal informés, voir plus probablement, mal intentionnés.

En revanche, il est vrai que la France entretient un partenariat avec les forces armées béninoises et la police républicaine dans leur lutte contre les groupes armés terroristes, qui prend trois formes : des formations, des cessions de matériels et du renseignement.

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Au-delà de ces priorités, nous continuerons à travailler avec les autorités béninoises dans bien d’autres domaines.

La France est par exemple engagée dans une diplomatie féministe qui promeut l’égalité entre les femmes et les hommes au Bénin. A ce titre, nous nous réjouissons du niveau historique du nombre de femmes députées suite aux élections législatives de janvier dernier.

Nous savons que le Bénin poursuivra sa politique ambitieuse en faveur des femmes et des jeunes filles et nous espérons qu’il sera l’un des premiers Etats africains à signer et ratifier la « Convention d’Istanbul », qui est l’instrument juridique international le plus abouti pour prévenir et combattre la violence à l’égard des femmes.

Ce caractère précurseur, le Bénin l’a aussi montré récemment en prenant les décrets d’application de la loi du 29 septembre 2017 sur la « protection et la promotion des personnes handicapées », un sujet qui constitue une dimension essentielle des droits humains et qui mérite toute l’attention de la coopération internationale.

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Je ne saurais terminer mon propos sans saluer mes compatriotes du Bénin qui nourrissent la relation si riche entre nos deux pays. Ce soir certains d’entre eux sont rassemblés à l’Institut français pour un bal populaire auquel chacun est convié. Mon épouse et moi, nous y passerons tout à l’heure avant de vous retrouver.
Je profite de l’occasion pour inviter tous mes compatriotes à s’inscrire au registre des Français de l’étranger, à respecter les conseils de sécurité prodigués par l’ambassade, à vérifier qu’ils sont en règle vis-à-vis des conditions de séjour au Bénin et à jour vis-à-vis de leur couverture sociale. Tout cela est important pour profiter paisiblement de l’accueil offert par le Bénin.

Enfin, je remercie une fois encore les entreprises françaises et amies de la France qui ont permis l’organisation de la présente soirée qui, je l’espère, vous permettra de partager un heureux moment autour de la gastronomie et de la chanson françaises !

Bonne fête nationale à tous !

Dernière modification : 18/07/2023

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