Quelques recommandations pour une coopération décentralisée de qualité.
Avec l’avènement de la décentralisation au Bénin, les responsables locaux ont de nombreux défis à relever pour gérer et développer leur territoire. Aujourd’hui, on observe parfois un développement "anarchique et désordonné" de la coopération décentralisée. Certaines communes béninoises multiplient des partenariats, qui bien souvent sont inadaptés car ne reposant sur aucune réflexion ou caractéristiques communes aux 2 partenaires. D’autres communes, voire des départements entiers restent sans partenaire pour de multiples raisons (éloignement, problèmes de communication, etc.).
Afin d’éviter cela et de favoriser des partenariats "équilibrés" et durables, les différents acteurs de la coopération décentralisée au Bénin, en concertation avec les assistants techniques du projet "appui à la décentralisation et à la gestion urbaine" et le Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) ont arrêté un certain nombre de principes et recommandations concernant la coopération décentralisée franco-béninoise. Il en résulte que la priorité en matière de cofinancement du MAE sera donnée aux partenariats qui auront pris en compte ces recommandations.
1- Rechercher une similitude entre les 2 collectivités partenaires.
Pour favoriser le développement d’une relation équilibrée, durable et d’actions efficaces, le choix d’une collectivité partenaire ne doit plus être le fruit du hasard, mais se baser sur des préoccupations communes des partenaires. Même s’il n’est pas fait obligation que les collectivités partenaires soient de même niveau, il convient d’établir le partenariat entre des communes qui présentent un certain nombre de facteurs susceptibles de faciliter les échanges (localisation géographique, caractéristiques démographique, économique, etc.). Les 2 partenaires doivent construire une relation de coopération autour d’une problématique commune d’où découleront des pistes d’échanges et des projets. Il est indéniable qu’une coopération efficace ne peut s’établir entre une commune de 5 000 hab. et une ville de 50 000 hab. ou bien entre une région historiquement industrielle et une région où le secteur primaire est prédominant. C’est d’ailleurs cette proximité au niveau des problèmes et des solutions qui justifie la coopération décentralisée, sa spécificité et sa légitimité.
2- Préférer les communes n’ayant pas encore de partenaires de coopération décentralisée.
Lorsque l’on observe aujourd’hui la répartition des partenariats de coopération décentralisée sur le territoire béninois, on constate une concentration au sud du pays, ainsi que sur les villes principales. Dans ce contexte, il faut éviter à tout prix de créer implicitement des espaces de coopération privilégiés, même si les conditions d’accessibilité sont difficiles. La coopération décentralisée ne doit pas être seulement l’affaire des capitales ou des villes secondaires au risque de creuser encore plus l’écart entre le milieu rural et urbain avec tous les problèmes que cela peut engendrer. De la même façon, il convient d’éviter pour la collectivité française en recherche de partenariat, de jeter son dévolu sur une collectivité béninoise déjà associée à une collectivité étrangère, qu’elle soit française ou non.
3- S’interroger sur ses motivations pour une réciprocité des échanges.
La coopération décentralisée ne doit pas être perçue comme un nouveau "guichet" de financement. La commune doit s’interroger sur les raisons pour lesquelles elle souhaite s’engager dans une coopération décentralisée afin de s’engager sur la voie d’une véritable relation partenariale, "co-opération", basée sur la réciprocité des échanges. La qualité d’une coopération décentralisée repose sur un équilibre des apports. Quelles que soient les motivations, la notion de "réciprocité" doit rester au cœur de la démarche de coopération. Chaque collectivité dispose de richesses (culturelles, touristiques, économiques, etc.), pouvant bénéficier à l’autre. Cette réciprocité des échanges doit être marquée d’une réelle volonté politique en impliquant l’ensemble des acteurs de la commune (élus, services techniques, mais aussi la société civile).
4- Donner la priorité à l’appui institutionnel pour accompagner le processus de décentralisation.
La décentralisation fait de la gestion des communes et de leur développement un défi majeur pour les responsables locaux. Cette gestion est complexe et exige des compétences multiples que les nouvelles communes béninoises ne possèdent pas toujours. Dans le contexte actuel béninois, la coopération décentralisée a un rôle à jouer pour accompagner les nouvelles communes béninoises à réussir la décentralisation. Les échanges d’expériences et de savoir-faire représentent le cœur d’un partenariat de coopération décentralisée et constituent la plus-value de celle-ci face à d’autres types de coopération. En donnant la priorité au développement institutionnel et technique, et en soutenant les communes béninoises dans l’exercice de leurs nouvelles compétences, la coopération décentralisée peut les aider à relever de nombreux défis et améliorer la gestion de leur territoire. Les communes béninoises peuvent bénéficier de l’expérience acquise des collectivités étrangères dans le domaine de la décentralisation, et en particulier dans la gestion des services publics locaux. Pour l’essentiel, ces coopérations consistent en des actions d’échanges institutionnels et techniques (élus et techniciens), de stages au sein des collectivités partenaires, des appuis techniques et méthodologiques, etc.
5- Accompagner l’appui institutionnel par des réalisations concrètes, visibles et mobilisatrices des populations.
Les projets de coopération décentralisée doivent également contribuer à améliorer les conditions de vie des populations et plus largement, à faciliter les relations entre la société civile et les autorités municipales. L’appui institutionnel doit donc déboucher sur des réalisations simples et visibles pour la population répondant à des besoins identifiés dans le Plan de Développement Communal.
6- Favoriser la concertation, la complémentarité et la synergie de son projet avec les autres acteurs du développement.
Les acteurs du développement étant nombreux et divers, il est important de les associer au projet de coopération décentralisée. La coopération décentralisée est une approche différente et complémentaire des modes traditionnels de coopération. Les acteurs de la coopération décentralisée n’ont pas les mêmes compétences que les coopérations étatiques bilatérales, non gouvernementales et multilatérales. Chaque ensemble d’acteurs a une légitimité spécifique. L’objectif est d’aboutir à une meilleure cohérence thématique et géographique des actions et d’éviter de multiplier sur le terrain des projets doublons ou en opposition.
7- S’adresser à des personnes ayant une expérience de la coopération décentralisée au Bénin.
Plusieurs structures françaises ou béninoises peuvent vous appuyer dans votre démarche de coopération décentralisée. Premièrement, certaines collectivités françaises ont une longue expérience de coopération décentralisée au Bénin. Il est intéressant de s’en rapprocher afin d’échanger avec elles sur le contexte béninois et les obstacles qu’ils ont pu rencontrer. Deuxièmement, Cités Unies France a pour mission d’accompagner les collectivités locales dans leurs démarches de coopération décentralisée. Un groupe Pays Bénin, rassemblant une grande partie des collectivités françaises intervenant au Bénin, mène de nombreuses réflexions sur la coopération décentralisée en général et sur le Bénin en particulier.
== > Le Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Collectivités locales béninois.
Le Service de Coopération Décentralisée de la Direction Générale de l’Administration Territoriale (DGAT) du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Collectivités locales (MISPCL) est le principal guichet de l’État et des collectivités locales béninoises pour leur dossier de coopération décentralisée, mais aussi l’interlocuteur principal de l’Ambassade de France au Bénin. Ce service centralise des informations sur la coopération décentralisée et sur les partenariats en cours au Bénin. Dans le cadre du projet « Appui à la Décentralisation et à la Gestion Urbaine » de la Coopération Française au MISPCL, un Volontaire International chargé de mission coopération décentralisée a été mis à disposition afin d’être l’interface entre les collectivités françaises et leurs homologues béninois, ainsi que pour les différentes structures françaises de coopération décentralisée (Cités Unies France, Plateformes régionales de coopération...).
Le Service de Coopération Décentralisée et le Volontaire International peuvent vous apporter des informations et des réponses concernant le Bénin en général ainsi que sur les orientations que le Bénin souhaiterait que la coopération décentralisée prenne. Ils peuvent aussi vous mettre en relation avec des communes béninoises si vous êtes à la recherche d’un partenaire béninois. Concernant le montage de vos dossiers de coopération décentralisée, un avis et des conseils peuvent vous être donné. Il est donc à votre initiative de vous rapprocher du MISPCL.
Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Collectivités locales
DGAT / Direction des Collectivités Locales
Service de Coopération Décentralisée
Mme Virginie AÏKO
Tél. : (229) 21 30 45 28
Courriel : coopdecbenin@yahoo.fr
BP 925 COTONOU - République du BENIN
Projet tripartite bénino-franco-allemand « Appui à la Décentralisation et à la Gestion Urbaine »
Le chargé de mission coopération décentralisée
Tél. / Fax. : (229) 21 30 45 27
Courriel : padmisat@leland.bj
NB : Au moment de se lancer véritablement dans une recherche de partenariat, on ne saurait trop recommander à la collectivité française intéressée de prendre l’attache, le moment venu, de l’Ambassade du Bénin en France.